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[16 oct. 2025] Le genre Pitardia réhabilité : confirmation de son appartenance à la sous-tribu des Menthinae (Lamiaceae)

La publication étudie la position de Nepeta nepetoides au sein de la famille des Lamiaceae. A cette fin, des analyses phylogénétiques moléculaires ont été conduites à partir de plusieurs marqueurs représentatifs de différents compartiments génomiques : quatre marqueurs de l’ADN chloroplastique (ycf1, les espaceurs ycf1–rps15, trnL–trnF et rpl32–trnL), deux marqueurs de l’ADN ribosomique nucléaire (ITS et ETS), ainsi qu’un gène nucléaire à faible nombre de copies (PPR-AT3G09060). Ces marqueurs, couramment employés dans les études phylogénétiques des plantes vasculaires, se sont révélés particulièrement pertinents pour analyser les relations entre espèces ou genres étroitement apparentés.

Les résultats obtenus à partir des trois ensembles de données sont concordants : les quatre populations de Nepeta nepetoides analysées forment un clade bien distinct, frère des autres représentants de la sous-tribu des Menthinae, et non de celle des Nepetinae. Par conséquent, cette espèce ne doit plus être classée dans le genre , mais dans le genre Pitardia.

Morphologiquement, le genre Pitardia se distingue du genre Nepeta par plusieurs caractères : deux étamines et pas de staminodes (quatre étamines chez Nepeta), tube du calice à 10 nervures (généralement 15 (13–17) chez Nepeta) et lobe médian de la lèvre inférieure de la corolle convexe et entier (généralement crénelé chez Nepeta).

Pitardia nepetoides Batt. ex Pit. est rétabli, son lectotype désigné, Pitardia caerulescens Maire et Pitardia gracilis Andr. mis en synonymie.

Ref. Homrani Bakali A., Dirmenci T., Celep F. & Drew B.T., 2025 - Pitardia resurrected: A new member of subtribe Menthinae (Lamiaceae). Taxon, https://doi.org/10.1002/tax.70053

Posté par Jean-Paul Peltier.

[8 juil. 2025] Histoire évolutive d’Euphorbia. balsamifera

Sur le plan phylogénétique, Euphorbia balsamifera, présente dans les régions arides du nord-ouest de l’Afrique et sur les îles Canaries, est étroitement apparentée à Euphorbia adenensis, originaire de la région Érythrée-Arabie. Ces deux espèces partagent un ancêtre commun, vraisemblablement apparu il y a plusieurs millions d’années.

Les données moléculaires suggèrent que la divergence entre E. balsamifera et E. adenensis a eu lieu au cours du Pliocène, période comprise entre environ 5,3 et 2,6 millions d’années avant notre ère. Cette époque correspond à un épisode majeur d’aridification du climat dans les régions subtropicales de l’Ancien Monde, ce qui a entraîné une fragmentation des habitats forestiers au profit de paysages plus ouverts et plus secs. Ces nouvelles conditions environnementales ont probablement favorisé une radiation adaptative rapide du groupe ancestral, c’est-à-dire l’émergence de plusieurs lignées spécialisées dans des habitats arides.

Dans ce contexte, E. balsamifera aurait colonisé les îles Canaries à partir du nord-ouest de l’Afrique. Cette colonisation pourrait s’expliquer par le mécanisme du « surfing syngameon », une hypothèse évolutive selon laquelle un pool génétique flexible (ou syngameon) peut "surfer" sur des vagues de dispersion vers de nouveaux territoires, tout en conservant une diversité génétique suffisante pour permettre l’adaptation rapide à de nouveaux environnements.

Des modèles informatiques utilisant des réseaux de neurones convolutifs (une technique d’intelligence artificielle) suggèrent que E. balsamifera s’est d’abord installée sur les îles de l’est (Lanzarote, Fuerteventura), puis a migré vers l’ouest (Tenerife, Gran Canaria).

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les populations d’Afrique du Nord ne sont pas les vestiges d’une population continentale ancestrale. Elles sont issues d’événements migratoires en provenance des îles de Lanzarote et Fuerteventura. Ces événements de rétro colonisation dateraient du Pléistocène moyen, mais cela demande encore à être confirmé.

Ce résultat va à l’encontre de l’idée que les îles ne font que “recevoir” la diversité du continent. Ici, les Canaries ont en réalité généré une nouvelle diversité génétique qui s’est ensuite propagée vers le continent africain.

Ref. : Rincón-Barrado M., Villaverde T., Perez M.F., Sanmartín I. & Riina R., 2024 - The sweet tabaiba or there and back again: phylogeographical history of the Macaronesian Euphorbia balsamifera. Annals of Botany 133 : 883–903. https://doi.org/10.1093/aob/mcae001, available online at www.academic.oup.com/aob

Posté par Jean-Paul Peltier.

[28 juin 2025] Multiplication de l’arganier : revue systématique et méta-analyse à l’aide de la méthode PRISMA

Cette publication présente une synthèse des travaux de recherche portant sur les différentes méthodes de multiplication de l’arganier (Sideroxylon spinosum L.). Elle s’appuie sur la méthode PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses), reconnue pour structurer et rendre transparente la conduite des revues systématiques et des méta-analyses.

La recherche documentaire a été effectuée à partir des mêmes mots-clés dans les bases de données Scopus et Web of Science, en sélectionnant les publications en anglais et en français parues entre 2000 et 2024. Grâce à la méthode PRISMA, 55 articles ont été retenus, dont la majorité (36) provient du Maroc, pays d’origine de l’arganier.

L’analyse bibliométrique, réalisée avec le logiciel VOSviewer, a permis de visualiser les liens entre les principaux mots-clés liés à la recherche sur l’arganier. Cette carte met en évidence la position centrale de la germination, autour de laquelle s’articulent la micro propagation, le semis, la culture in vitro et la multiplication végétative.

La discussion compare les différentes techniques : la germination des graines, dont le taux de réussite est faible, est confrontée aux avantages du bouturage et du greffage, qui permettent un enracinement rapide et une meilleure stabilité génétique. La micro propagation in vitro apparaît également comme une méthode prometteuse, bien qu’elle nécessite des conditions d’acclimatation rigoureuses.

En conclusion, l’étude souligne l’importance de combiner méthodes traditionnelles et approches biotechnologiques modernes pour assurer la reproduction et la conservation durable de cette espèce emblématique.

Ref. : Tesse R., Boutaleb F., Bahlaouan B., Brett-Crowther M., El Antri S., & Boutaleb N., 2025 - Micrografting and Other Regeneration Techniques for the Argan Tree (Argania spinosa): A PRISMA-Based Systematic Review and Meta-Analysis. Natural Built Social Environment Health 1(3). DOI :10.63095/NBSEH.25.180342

Posté par Jean-Paul Peltier.

[23 juin 2025] Diversité spécifique non indigène : dix nouvelles espèces détectées dans un champ de cumin du sud-est marocain

L’article présente une liste de dix espèces non indigènes récemment identifiées dans les cultures de cumin du sud-est du Maroc. Il s'agit de Anthemis hyalina, Anthemis scariosa, Centaurea verutum, Carduus arabicus, Cota palaestina, Cota coelopoda, Hyoscyamus pusillus, Plantago exigua, Suchtelenia szovitsianaet Silene coniflora. À ce stade, la majorité de ces espèces sont considérées comme des exotiques occasionnelles. Toutefois, Plantago exigua se distingue par son fort potentiel invasif, s’étendant au-delà des zones cultivées. L’article fournit également des données essentielles sur la morphologie, les critères d’identification, la répartition géographique ainsi que l’évaluation des risques associés à ces espèces nouvellement détectées.

Ref. : Homrani Bakali H., Chatelain C. & Khamar H., 2025 - New non-native species recorded in cumin crop in southeastern region of Morocco. Botany Letters, DOI : 10.1080/23818107.2025.2506559 (18 Jun).

Posté par Jean-Paul Peltier.

[16 mars 2025] Santolina razaneae (Asteraceae), nouvelle espèce pour la science et le Maroc

Santolina razaneae, une nouvelle espèce d'Asteraceae découverte dans les formations steppiques de l'est du Maroc (vallée de la Moulouya et Hauts Plateaux), est décrite et illustrée. Cette espèce se distingue des autres Santolina du Maroc par des caractéristiques morphologiques uniques : des folioles elliptiques, des feuilles pennées à lobes obtus, des paléoles triangulaires, lacérées et glabres, ainsi que des fleurons à lobes triangulaires rose pâle. Une clé d’identification des espèces spontanées de Santolina présentes au Maroc est également proposée.

Réf. : Homrani Bakali H., Chambouleyron M. & Leger J.-F., 2025 - Santolina razaneae (Asteraceae), a new steppic species from Morocco. Phytotaxa 693 (3) : 235–244. https://doi.org/10.11646/phytotaxa.693.3.4.

Posté par Jean-Paul Peltier.

Dernière modification le jeudi 16 octobre 2025 à 16h33.