Cette étude explore l’influence de la taille des conteneurs et du type de substrat sur les caractéristiques morphologiques, la biomasse, et la morphologie racinaire des jeunes plants d’arganier âgés d’un an. L’expérimentation a été menée dans la pépinière du Centre Régional de Recherche Forestière de Marrakech, située à 2,5 km au nord-est de la ville, sous bioclimat aride (et non semi-aride comme mentionné dans la publication).
Les résultats montrent que la croissance des plants d’arganier est maximale dans les conteneurs de plus grand volume (500 cm³), avec un substrat de culture spécifique composé d’un compost d’acacia (Acacia cyanophylla) à 100 % et un mélange à parts égales de terreau et de compost d’Acacia.
Cependant, comme souvent observé avec les plants élevés en conteneurs, ces derniers présentent des déformations de la racine pivotante, ce qui affecte la qualité globale des plants. Il convient de noter que le suivi des performances des plants après transplantation sur le terrain n’a pas été réalisé dans le cadre de cette étude.
Ainsi, le protocole optimal pour assurer une régénération efficace des arganiers reste à définir.
Réf. : Dallahi Y., Boujraf A., Smouni A. et al., Effects of container size and growing media on growth of argan (Argania spinosa) seedlings in Morocco. New Zealand Journal of Forestry Science (2024) 54:16 https://doi.org/10.33494/nzjfs542024x285x
Posté par Jean-Paul Peltier.
Cette étude explore les effets du changement climatique sur la distribution spatiale et temporelle des six zones bioclimatiques du Maroc.
Pour ce faire, elle s’appuie sur huit modèles de circulation générale (GCM) intégrant deux scénarios d’émissions RCP (pour Representative Concentration Pathways ou profils représentatifs d’évolution de concentration). Les scénarios, établis en 2014 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), traduisent différentes trajectoires possibles de la concentration en gaz à effet de serre (GES) et leurs conséquences climatiques pour le XXIe siècle et au-delà. L’étude compare le scénario RCP4.5 (scénario modéré prévoyant une stabilisation des émissions avant la fi¬n du XXIe siècle à un niveau faible) et le scénario RCP8.5 (scénario pessimiste où les GES continuent d’augmenter au rythme actuel) et porte sur deux horizons temporels : 2050 et 2070. La modélisation des déplacements des zones bioclimatiques repose sur la méthode Random Forest (RF), approche puissante qui utilise un ensemble d’arbres de décision pour générer des prévisions à la fois robustes et précises.
Les résultats indiquent logiquement que les changements les plus importants se manifestent dans les zones bioclimatiques associées au scénario RCP8.5 (scénario pessimiste), et ce, pour les deux horizons temporels étudiés : 2050 et 2070.
Les zones bioclimatiques subhumides et humides devraient subir des transformations significatives, évoluant progressivement vers des conditions semi-arides. Les transitions du subhumide au semi-aride sont estimées entre 17,91 % (scénario RCP8.5 en 2070) et 25,68 % (scénario RCP8.5 en 2050), des taux nettement supérieurs à ceux observés pour les changements de l'humide au semi-aride, qui oscillent entre 10,16 % (scénario RCP4.5 en 2050) et 22,27 % (scénario RCP8.5 en 2070).
La zone semi-aride devrait également connaître des modifications notables, avec une extension vers la zone bioclimatique aride variant entre 2,27 % (scénario RCP4.5 en 2050) et 34,30 % (scénario RCP8.5 en 2070). Par ailleurs, environ 10 % de la zone aride est prévue pour migrer vers le bioclimat saharien, tandis que la zone saharienne devrait demeurer relativement stable.
La discussion met en lumière les conséquences majeures de l’accélération du changement climatique sur les principales espèces forestières du pays. Parmi ces impacts figurent le dépérissement des peuplements forestiers, la prolifération de parasites et d’insectes ravageurs, l’intensification des feux de forêt et la récurrence des sécheresses. Ces phénomènes perturbent non seulement les écosystèmes forestiers, mais affectent également l’agriculture, avec des prévisions annonçant une baisse de la production de blé et d’orge pouvant atteindre 15 % dans les régions du sud subhumide. Plus largement, ces transformations compromettent les services écosystémiques essentiels.
La discussion explore également la fiabilité des prévisions climatiques, obtenues grâce à la superposition de huit modèles de circulation générale, soulignant leur rôle clé dans l’analyse des impacts futurs.
Réf. : Meliho, M., Orlando, C.A. & Dallahi, Y. Spatiotemporal modeling of the potential impact of climate change on shifts in bioclimatic zones in Morocco. Environ Monit Assess 196, 907 (2024). https://doi.org/10.1007/s10661-024-13077-0
Posté par Jean-Paul Peltier.
Apteranthes munbyana est signalé sur les rocailles calcaires du massif des Benis Snassen et de la commune de Ras Asfour, ce qui porte à cinq le nombre de localités actuellement connues du nord-est du Maroc.
Réf. : Hannaoua H., Jdaini A. & Sahib N. 2024 - Two new localities for Apteranthes munbyana (Decne. ex Munby) Crespo & Mateo (Apocynaceae ) in the mountains of eastern Morocco. Acta Botanica Malacitana 49. DOI: https://doi.org/10.24310/abm.49.2024.19439
Posté par Jean-Paul Peltier.
Le génome mitochondrial de l’Arganier a été séquencé à l’aide de la plate-forme Illumina HiSeq X Ten, les séquences d’ADN assemblées avec le logiciel bio-informatique GetOrganelle et les gènes codant pour des proteines (PCG pour Protein-Coding Genes), l’acide ribonucléique ribosomique (l’ARNr) et l’acide ribonucléique de transfert (ARNt) identifiés respectivement avec les outils bio-informatiques BlastX, BlastN et TRNAscan-SE. Tous ces outils sont incontournables en bio-informatique et en génomique.
La représentation graphique du génome mitochondrial a été dessinée avec OGDraw 1.3.1 logiciel largement utilisé dans les publications scientifiques.
Le génome mitochondrial de l’Arganier se présente comme une molécule d’ADN circulaire de 707 441 paires de bases avec une teneur en guanine-cytosine (GC) de 45,75 %, 32 gènes codant pour des protéines, 16 ARN de transfert et 2 gènes d’ARN ribosomique.
L’analyse phylogénétique utilise la méthode du maximum de vraisemblance. Elle a été réalisée à l’aide de 7 gènes codant pour des protéines de 15 espèces d’Ericales. Elle confirme que l’arganier est étroitement apparenté à la famille des Theaceae, ce qui est cohérent avec les études phylogénétiques antérieures basées sur le génome chloroplastique.
La connaissance du génome mitochondrial de l’Arganier offre une riche source d'informations pour en comprendre son évolution et contribuer aux efforts de sa conservation.
Réf. : A.I. Azami, S. Pirro and S. Sehli et al., The complete mitochondrial genome data of Argania spinosa (L.) Skeels, Data in Brief, https://doi.org/10.1016/j.dib.2024.110862
Posté par Jean-Paul Peltier.
L’étude cherche à connaître comment les variations climatiques actuelles et futures peuvent affecter la préservation de l’arganier dans deux bassins versant du Sud du Maroc : le bassin de l’oued Massa et le bassin de l’oued Tamanart (ici, les quelques arganiers présents se situent uniquement dans la partie septentrionale du bassin, le bioclimat étant de type saharien). Cette zone d’études est l’un des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) reconnu par la FAO. Un SIPAM correspond à un agrosystème résilient dans lequel les communautés humaines ont réussi à coexister en parfaite harmonie avec leur territoire.
Les chercheurs ont adopté une approche multi modèle rigoureuse à la suite des progrès récents des techniques de modélisation et de l’accès accru aux données climatiques. Ainsi, ont été mis à contribution le projet PERSIANN-CDR (qui donne les précipitations), le modèle ERA5-Land (qui donne les températures), le modèle climatique régional EC-Earth3-veg (qui permet de comprendre les interactions complexes entre la végétation terrestre et le système climatique global), le modèle d’entropie maximale MaxEnt version 3.4.4 (qui permet de prédire la distribution géographique potentielle de l‘arganier) et une série d’analyses statistiques classiques (coefficient de corrélation, erreur quadratique moyenne etc.).
Tous ces projets ou modèles sont largement utilisés dans les recherches qui cherchent à prévoir les interactions complexes entre le climat et les écosystèmes terrestres.
L’analyse de la variabilité climatique a été faite à l’aide de données observées (1983 à 2022) et de données projetées jusqu’en 2080 pour en montrer les tendances. Comme on pouvait s’y attendre, les précipitations présentent une variation saisonnière et annuelle particulièrement élevée sur l’ensemble de la zone d’étude, les périodes de sécheresse, associée aux températures élevées prédominantes, constituant une contrainte majeure pour l’agriculture et donc pour le développement des arganiers. Les précipitations annuelles sont généralement inférieures à la moyenne depuis les années 2000, avec une diminution d’environ 2.5 mm par décennie. De plus, les résultats révèlent un réchauffement de 0,4 °C entre 1983 et 2022, qui pourrait atteindre + 4 °C entre 2041 et 2080.
La distribution de l’arganier a été projetée pour 2041-2060 et 2061-2080 selon quatre scénarios socioéconomiques SSP (Shared Socioeconomic Pathways). Ces scénarios permettent d'anticiper les conséquences du changement climatique en fonction de différentes voies de développement.
Dans le futur, les zones propices à l’arganier devraient diminuer dans toute la zone d’étude. Une réduction de 47 à 65 % est prévue à moyen terme (2041-2060) et une réduction de 49% à 81% à plus long terme (2061 et 2080), soulignant la nécessité de mesures d’adaptation proactives dans le but de conserver et d’augmenter la survie et la productivité de l’arganier.
Réf. : Hakam O., Ongoma V., Beniaich A. et al. 2024 -Assessment of the impact of climate change on Argan tree in the Mediterranean GIAHS site, Morocco: current and future distribution. Modeling Earth Systems and Environment. https://doi.org/10.1007/s40808-024-02077-1.
Posté par Jean-Paul Peltier.Dernière modification le dimanche 8 décembre 2024 à 11h39.