Sur le plan phylogénétique, Euphorbia balsamifera, présente dans les régions arides du nord-ouest de l’Afrique et sur les îles Canaries, est étroitement apparentée à Euphorbia adenensis, originaire de la région Érythrée-Arabie. Ces deux espèces partagent un ancêtre commun, vraisemblablement apparu il y a plusieurs millions d’années.
Les données moléculaires suggèrent que la divergence entre E. balsamifera et E. adenensis a eu lieu au cours du Pliocène, période comprise entre environ 5,3 et 2,6 millions d’années avant notre ère. Cette époque correspond à un épisode majeur d’aridification du climat dans les régions subtropicales de l’Ancien Monde, ce qui a entraîné une fragmentation des habitats forestiers au profit de paysages plus ouverts et plus secs. Ces nouvelles conditions environnementales ont probablement favorisé une radiation adaptative rapide du groupe ancestral, c’est-à-dire l’émergence de plusieurs lignées spécialisées dans des habitats arides.
Dans ce contexte, E. balsamifera aurait colonisé les îles Canaries à partir du nord-ouest de l’Afrique. Cette colonisation pourrait s’expliquer par le mécanisme du « surfing syngameon », une hypothèse évolutive selon laquelle un pool génétique flexible (ou syngameon) peut "surfer" sur des vagues de dispersion vers de nouveaux territoires, tout en conservant une diversité génétique suffisante pour permettre l’adaptation rapide à de nouveaux environnements.
Des modèles informatiques utilisant des réseaux de neurones convolutifs (une technique d’intelligence artificielle) suggèrent que E. balsamifera s’est d’abord installée sur les îles de l’est (Lanzarote, Fuerteventura), puis a migré vers l’ouest (Tenerife, Gran Canaria).
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les populations d’Afrique du Nord ne sont pas les vestiges d’une population continentale ancestrale. Elles sont issues d’événements migratoires en provenance des îles de Lanzarote et Fuerteventura. Ces événements de rétro colonisation dateraient du Pléistocène moyen, mais cela demande encore à être confirmé.
Ce résultat va à l’encontre de l’idée que les îles ne font que “recevoir” la diversité du continent. Ici, les Canaries ont en réalité généré une nouvelle diversité génétique qui s’est ensuite propagée vers le continent africain.
Ref. : Rincón-Barrado M., Villaverde T., Perez M.F., Sanmartín I. & Riina R., 2024 - The sweet tabaiba or there and back again: phylogeographical history of the Macaronesian Euphorbia balsamifera. Annals of Botany 133 : 883–903. https://doi.org/10.1093/aob/mcae001, available online at www.academic.oup.com/aob
Posté par Jean-Paul Peltier.
Cette publication présente une synthèse des travaux de recherche portant sur les différentes méthodes de multiplication de l’arganier (Sideroxylon spinosum L.). Elle s’appuie sur la méthode PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses), reconnue pour structurer et rendre transparente la conduite des revues systématiques et des méta-analyses.
La recherche documentaire a été effectuée à partir des mêmes mots-clés dans les bases de données Scopus et Web of Science, en sélectionnant les publications en anglais et en français parues entre 2000 et 2024. Grâce à la méthode PRISMA, 55 articles ont été retenus, dont la majorité (36) provient du Maroc, pays d’origine de l’arganier.
L’analyse bibliométrique, réalisée avec le logiciel VOSviewer, a permis de visualiser les liens entre les principaux mots-clés liés à la recherche sur l’arganier. Cette carte met en évidence la position centrale de la germination, autour de laquelle s’articulent la micro propagation, le semis, la culture in vitro et la multiplication végétative.
La discussion compare les différentes techniques : la germination des graines, dont le taux de réussite est faible, est confrontée aux avantages du bouturage et du greffage, qui permettent un enracinement rapide et une meilleure stabilité génétique. La micro propagation in vitro apparaît également comme une méthode prometteuse, bien qu’elle nécessite des conditions d’acclimatation rigoureuses.
En conclusion, l’étude souligne l’importance de combiner méthodes traditionnelles et approches biotechnologiques modernes pour assurer la reproduction et la conservation durable de cette espèce emblématique.
Ref. : Tesse R., Boutaleb F., Bahlaouan B., Brett-Crowther M., El Antri S., & Boutaleb N., 2025 - Micrografting and Other Regeneration Techniques for the Argan Tree (Argania spinosa): A PRISMA-Based Systematic Review and Meta-Analysis. Natural Built Social Environment Health 1(3). DOI :10.63095/NBSEH.25.180342
Posté par Jean-Paul Peltier.
L’article présente une liste de dix espèces non indigènes récemment identifiées dans les cultures de cumin du sud-est du Maroc. Il s'agit de Anthemis hyalina, Anthemis scariosa, Centaurea verutum, Carduus arabicus, Cota palaestina, Cota coelopoda, Hyoscyamus pusillus, Plantago exigua, Suchtelenia szovitsianaet Silene coniflora. À ce stade, la majorité de ces espèces sont considérées comme des exotiques occasionnelles. Toutefois, Plantago exigua se distingue par son fort potentiel invasif, s’étendant au-delà des zones cultivées. L’article fournit également des données essentielles sur la morphologie, les critères d’identification, la répartition géographique ainsi que l’évaluation des risques associés à ces espèces nouvellement détectées.
Ref. : Homrani Bakali H., Chatelain C. & Khamar H., 2025 - New non-native species recorded in cumin crop in southeastern region of Morocco. Botany Letters, DOI : 10.1080/23818107.2025.2506559 (18 Jun).
Posté par Jean-Paul Peltier.
Santolina razaneae, une nouvelle espèce d'Asteraceae découverte dans les formations steppiques de l'est du Maroc (vallée de la Moulouya et Hauts Plateaux), est décrite et illustrée. Cette espèce se distingue des autres Santolina du Maroc par des caractéristiques morphologiques uniques : des folioles elliptiques, des feuilles pennées à lobes obtus, des paléoles triangulaires, lacérées et glabres, ainsi que des fleurons à lobes triangulaires rose pâle. Une clé d’identification des espèces spontanées de Santolina présentes au Maroc est également proposée.
Réf. : Homrani Bakali H., Chambouleyron M. & Leger J.-F., 2025 - Santolina razaneae (Asteraceae), a new steppic species from Morocco. Phytotaxa 693 (3) : 235–244. https://doi.org/10.11646/phytotaxa.693.3.4.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Cette étude explore l’influence de la taille des conteneurs et du type de substrat sur les caractéristiques morphologiques, la biomasse, et la morphologie racinaire des jeunes plants d’arganier âgés d’un an. L’expérimentation a été menée dans la pépinière du Centre Régional de Recherche Forestière de Marrakech, située à 2,5 km au nord-est de la ville, sous bioclimat aride (et non semi-aride comme mentionné dans la publication).
Les résultats montrent que la croissance des plants d’arganier est maximale dans les conteneurs de plus grand volume (500 cm³), avec un substrat de culture spécifique composé d’un compost d’acacia (Acacia cyanophylla) à 100 % et un mélange à parts égales de terreau et de compost d’Acacia.
Cependant, comme souvent observé avec les plants élevés en conteneurs, ces derniers présentent des déformations de la racine pivotante, ce qui affecte la qualité globale des plants. Il convient de noter que le suivi des performances des plants après transplantation sur le terrain n’a pas été réalisé dans le cadre de cette étude.
Ainsi, le protocole optimal pour assurer une régénération efficace des arganiers reste à définir.
Réf. : Dallahi Y., Boujraf A., Smouni A. et al., Effects of container size and growing media on growth of argan (Argania spinosa) seedlings in Morocco. New Zealand Journal of Forestry Science (2024) 54:16 https://doi.org/10.33494/nzjfs542024x285x.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Dernière modification le mardi 8 juillet 2025 à 11h02.